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Bioécologie

Impact de la disparition d’espèces

9 Janvier 2010 , Rédigé par JMB Publié dans #Biodiversité

Source : Dossiers Scientifiques "Sagascience", la Biodiversité

Les co-extinctions : la disparition d’une espèce peut en cacher bien d’autres…

Bourdon terrestre (Bombus terrestris) en train de vibrer une fleur de tomate (Lycopersicon esculentum) dans une serre.Les études sur les espèces menacées d’extinction se penchent traditionnellement sur les processus qui mènent à la disparition de leurs populations, sans tenir compte des relations qu’elles entretiennent avec les autres espèces. Or un article publiée dans la célèbre revue scientifique « Science » en 2004 a montré qu’il faudrait ajouter au moins 6300 espèces « co-menacées » d’extinction à la liste rouge des espèces « en danger » de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), qui en compte déjà plus de 15000 parmi les espèces d’organismes supérieurs. Pourquoi ? Parce que la liste rouge UICN ne prend pas en compte les co-extinctions, c’est-à-dire celles qui touchent les espèces associées à l’espèce « en danger », souvent beaucoup moins « médiatiques ». Les scientifiques ont donc étudié ces relations écologiques capables d’entraîner des co-extinctions comme le parasitisme, la relation exclusive entre des herbivores et leur plante-hôte, ou encore entre des plantes et leurs insectes pollinisateurs par exemple.

Pigeon voyageur mâle Ectopistes migratoriusLes auteurs se sont également penchés sur des cas historiques comme celui d’une espèce de poux (Columbicola extinctus) qui se serait éteinte en même temps que le pigeon migrateur américain, au début du 20e siècle, ou encore celui d’un papillon tropical de Singapour qui a disparu peu de temps après la plante dont se nourrissaient ses chenilles. Des espèces d’hyménoptères pollinisateurs des figues, de poux et de parasites de primates ou encore de papillons et de leurs fourmis hôtes ont également été étudiées.

Ces chercheurs recommandent l’étude et la protection des espèces associées (par parasitisme, symbioses, interactions…) aux espèces menacées d’extinction.

Mise en garde contre les cascades d’extinctions

De façon générale, ce phénomène de co-extinction souligne l’importance des relations complexes au sein des écosystèmes. Ainsi, une seule extinction peut aboutir à la disparition de nombreuses espèces et à la déstabilisation d’écosystèmes entiers.
C’est le cas par exemple des espèces « clé de voûte », dont l’importance est telle que leur seule disparition entraîne de profondes modifications de l’écosystème.

Gorgones Ellisella ceratophyta par 18 m de fond à Lifou (Nouvelle Calédonie).En milieu marin, l’impact de la disparition d’une espèce clef de voûte peut être encore plus visible qu’en milieu terrestre, car les aires de distribution sont plus étendues : quelques milliers de kilomètres en mer contre seulement quelques dizaines de kilomètres sur les continents. De ce fait, un événement qui survient en un endroit donné peut influencer des espèces situées à plusieurs milliers de kilomètres de là, notamment via les courants marins.

En fin de compte, bien que la protection des espèces associées aille de pair avec la protection des espèces sur lesquelles se portent traditionnellement les efforts de conservation, il n’en demeure pas moins que les risques de co-extinctions et de cascades d’extinctions doivent amener les écologistes et les gestionnaires à prendre en compte toute la mesure de ce danger dans leurs politiques de conservation.

Rédaction : Manuelle Rovillé

Validation scientifique :
Robert Barbault (Directeur du département « écologie et gestion de la biodiversité » du Muséum national d’histoire naturelle)
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