Aux Antilles, le scandale sanitaire du chlordécone
23 Juin 2010 , Rédigé par JMB Publié dans #Actualités-News
Un article paru dans le journal Le Monde.fr, par Paul Benkimoum avec Eddy Nedelkovsi (à Pointe-à-Pitre)
La France n'en a pas fini avec les scandales de sécurité sanitaire. Pendant vingt ans, de 1973 à 1993, un insecticide, le chlordécone, a été utilisé en Martinique et en Guadeloupe pour lutter contre le charançon de la banane, entraînant durablement une pollution des sols et une exposition d'une partie de la population.
Une étude, publiée lundi 21 juin en Guadeloupe et dans le Journal of Clinical Oncology, confirme que le chlordécone, un perturbateur endocrinien, est responsable d'un accroissement significatif du risque de cancer de la prostate, lequel représente 50% de l'ensemble des cancers dépistés en Guadeloupe et à la Martinique. L'étude valide donc les signaux d'alerte que les autorités ont longtemps ignorés.
Très longue durée de vie
"D'énormes erreurs ont été commises, qui rappellent furieusement les grands enjeux de sécurité sanitaires des années 1980 et 1990: hormone de croissance, vache folle, etc.", estime le professeur William Dab, président du Conseil scientifique du Plan chlordécone en Martinique et en Guadeloupe. Interdit en métropole en 1990, le pesticide a été utilisé par dérogation en Guadeloupe et en Martinique jusqu'en 1993, alors que les Etats-Unis l'avaient proscrit depuis 1976.
"Des rapports parlementaires l'on déjà pointé: le ministère de l'agriculture n'a pas correctement traité les signaux scientifiques sur les dangers de la pollution et de l'exposition au chlordécone. Il y a eu un retard dans la prise de conscience et l'action", poursuit le professeur Dab. Les premiers plans locaux datent de 1999, et en 2004, le chlordécone a été enfin pris en compte dans le Plan national santé environnement. Finalisé en octobre 2009, le rapport du Conseil scientifique du Plan chlordécone n'a été rendu public par le gouvernement que le 17 juin avec sa mise en ligne sur le site de l'Institut de veille sanitaire (INVS).
La Martinique et la Guadeloupe se trouvent confrontées à une contamination massive des sols, des eaux de rivière et des sédiments par un produit toxique possédant une durée de vie très longue. "Quelque 80000 personnes habitent dans des zones où le sol est contaminé et 13000 individus absorbent chaque jour, en mangeant des légumes qu'ils cultivent, une quantité de chlordécone dépassant la valeur toxicologique de référence: 0,5µg/kg/j. Il faut aider la population à se préparer à vivre avec un problème qui n'est pas près de disparaître: la demi-vie du chlordécone dans le sol est de six siècles!" insiste M.Dab.
Lire la suite sur le site du Journal Le Monde
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