Offre de doctorat: Rôle des Étangs sur le devenir des Pesticides d'OrigiNeS agricoles et sur la qualité des cours d'Eau de têtes de bassins versants
La lutte contre la contamination de la ressource en eau par les produits phytosanitaires constitue un enjeu majeur. Cette contamination est susceptible d’être présente dès les premiers kilomètres de linéaire de cours d’eau lorsque le bassin versant (BV) est agricole.
En Lorraine, de nombreux étangs piscicoles de barrage sont localisés en tête de BV. Ces plans d’eau ont pour effet direct de rompre le continuum écologique. Leur impact sur la qualité de l’eau a fait l’objet de peu d’étude et demeure largement mal connu. Les travaux réalisés à ce jour ont mis en évidence que selon les pratiques piscicoles, la vidange peut constituer une phase d’exportation importante de nutriments alors qu’une rétention peut être espérée au cours de la phase de production de poisson. Suite à ces travaux, de bonnes pratiques de gestion (ex. ne pas évacuer l’eau durant le passage des filets, ne pas laisser les sédiments exondés lors de fortes précipitations) ont été recommandées aux producteurs. De la même manière, il a été observé durant les périodes d’épandage de pesticides sur le BV amont, une réduction des concentrations (transport dissous) en molécules mères dans le cours d’eau en aval des étangs.
Au regard de ces résultats, il s’avère nécessaire :
- de quantifier l’impact des étangs sur les flux dissous mais aussi particulaires de pesticides ;
- d’évaluer si la réduction des concentrations en aval des étangs se traduit par le rejet de métabolites ou une véritable rétention/dégradation des pesticides au sein des plans d’eau ;
- d’apprécier la rétention de phytosanitaires dans le compartiment sédimentaire (afin d’anticiper et quantifier les rejets potentiels de phytosanitaires durant les vidanges et de préconiser les pratiques de gestion favorables à la préservation des cours d’eau en aval) ;
- d’apprécier l’accumulation dans la chair du poisson afin de déterminer les pratiques piscicoles favorables à la production de poisson de qualité (voire labélisé « Bio ») et la préservation des masses d’eau.
A partir des précédents travaux et appuyé sur les données bibliographiques, nous avons ainsi établi une liste de pesticides d’intérêt et de métabolites potentiellement formés. Après avoir finalisé le développement des méthodes analytiques nécessaires au suivi des matrices eaux, particulaires, sédimentaires et poissons, les flux entrants et sortants d'étangs seront étudiés durant la totalité d'un cycle annuel d'exploitation piscicole. Les sédiments seront échantillonnés afin de déterminer les périodes d'accumulation ou de relargage par la matrice sédimentaire. Afin de s'assurer de la sécurité sanitaire du poisson produit et d'apprécier les liens entre qualité du milieu et du biote, l'accumulation dans la chair de poisson sera suivie.
L’ensemble des résultats obtenus devrait permettre :
- de déterminer l'occurrence de pesticides et de leur métabolites en tête de bassin versant agricole ;
- d'apprécier les flux dissous et particulaires de ces molécules au cours d'un cycle annuel ;
- d'apprécier l’accumulation de produits phytosanitaires dans les matrices sédimentaires afin d’anticiper les risques de rejets vers l’aval et de préconiser des pratiques de gestion minimisant l’impact sur l’aval ;
- d’évaluer l'accumulation de pesticides dans le poisson afin de déterminer les pratiques favorables à une bonne qualité sanitaire du poisson et à la préservation du milieu ;
- établir en plans d’eau les liens entre contaminations des matrices abiotiques (c.-à-d. eau, sédiments, particules) et matrices biotiques (poisson).
Précisions sur le déroulement du travail de thèse : Le financement de la bourse de thèse sera assuré par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et l’AERM (Agence de l’Eau Rhin Meuse). Durant la totalité du projet, le candidat sera amené à collaborer au sein d’un réseau développé dans le cadre des précédentes études. Ce réseau intègre les membres des trois structures porteuses de ce projet (ANSES, AERM, Univ. Lorraine), des partenaires académiques (Univ. Reims, ISA Lyon, etc) ainsi que les professionnels du monde agricole et piscicole. Selon les disponibilités du candidat, le contrat débutera fin 2016 ou début 2017. Un important travail sera mené sur le terrain (étangs) et complété par des expérimentations en laboratoire (structures expérimentales). La thèse s’intègrera au sein de l’équipe « Micropolluants et Résidus dans la Chaîne Alimentaire » de l’URAFPA.
Compétences attendues du candidat : Le candidat devra posséder de bonnes aptitudes au travail de terrain et de laboratoire. La connaissance du fonctionnement des écosystèmes aquatiques sera appréciée. Il disposera en outre de solides compétences organisationnelles et sera autonome dans les tâches à réaliser. Une bonne maîtrise de l’anglais est également indispensable à la valorisation scientifique des résultats dans les revues et les congrès internationaux. Le candidat devra être également titulaire du permis B et disposer d’un véhicule.
Dossier de candidature :
Les dossiers (CV + lettre de motivation + noms de 2 personnes référentes) sont à envoyer dès à présent à damien.banas@univ-lorraine.fr.