Ce qu'Erasmus+ change pour les étudiants
Un article de Matteo Maillard vu sur Campus-Le Monde.fr | 03.10.2014 à 17h20 • Mis à jour le 06.10.2014 à 10h53
Dès la rentrée 2014, les étudiants pourront profiter d'Erasmus+, la version augmentée du célèbre programme de mobilité européen en place depuis 1987. Voulu plus vaste, plus riche et plus souple que son prédécesseur, Erasmus+ vise à accroître le nombre d'étudiants en déplacement, avec un objectif de deux millions en six ans, contre trois millions depuis sa création il y a vingt-sept ans.
Une évolution qui découle directement de la stratégie Europe 2020 engagée par l'Union européenne pour résoudre la crise économique et qui entend notamment fournir un emploi à 75 % de la population âgées de 20 à 64 ans. Car, si l'on en croit la plus importante étude jamais effectuée sur Erasmus, publiée le 22 septembre, la mobilité favoriserait l'employabilité des jeunes.
Lire : Erasmus, une foule de bébés et moins de chômage
Erasmus+ est donc doté d'une enveloppe budgétaire supérieure de 40 % à celle de son prédécesseur, soit 14,7 milliards d'euros jusqu'en 2020. Une somme qui permet à la fois d'augmenter le nombre de bénéficiaires, et d'améliorer ou créer de nouvelles prestations. Il y en a cinq principales.
1 - PARTIR PLUSIEURS FOIS
Si vous ne tenez pas en place, mais que vous avez déjà effectué un séjour Erasmus par le passé, pas de panique, vous pourrez repartir. Désormais Erasmus+ permet des séjours de douze mois par cycle d'études (licence, master et doctorat) alors qu'auparavant il n'était possible de partir qu'une fois pour étudier et une fois pour effectuer un stage. Par exemple, il est maintenant possible de passer six mois à l'étranger en L1 puis six mois en L2, ou simplement douze mois d'un coup en L3. Il en va de même pour le master et le doctorat, où douze mois par cycle peuvent vous être accordés.
« Le souhait est d'offrir une plus grande liberté et plus de souplesse dans la construction du parcours académique, pour inciter les étudiants qui ne pensaient pas partir à le faire, explique Sandrine Dickel, chargée de promotion à l'agence Europe-Education-Formation France, qui gère le programme au niveau national. »
2 - UNE FORMATION LINGUISTIQUE EN LIGNE
Afin de vous préparer pour votre séjour, la Commission européenne ouvrira à la fin de l'année une plateforme Web sur laquelle il sera possible de suivre une formation gratuite dans une langue étrangère. Pour l'instant, six langues de travail sont prévues : allemand, anglais, espagnol, français, italien et néerlandais. Une offre qui pourra s'étoffer à l'avenir. La formation sera par ailleurs accompagnée d'un test linguistique à effectuer avant votre départ, puis à votre retour. Ce test, bien qu'obligatoire pour tous les postulants Erasmus+, ne sera pas sanctionnant, mais servira à mesurer l'évolution du niveau de langue des étudiants, comme la qualité de la formation linguistique dispensée.
3 - DES BOURSES PLUS ADAPTÉES
S'établir pour un semestre à Sofia, ou pour six mois à Londres, la plus chère des capitales européennes, exige des budgets différents. Face à cette disparité économique, Erasmus+ s'est adapté en proposant des bourses d'études indexées au coût de la vie. Auparavant, le programme n'attribuait qu'un tarif unique de 160 euros par mois et par étudiant. Seules l'université ou l'école avaient alors la possibilité d'en augmenter le solde en fonction de leurs propres critères.
Désormais, les trente-quatre pays de l'Union européenne participant au programme ont été répartis en trois groupes distincts en fonction du coût de la vie. Par exemple, si vous partez en Italie, Autriche ou Suède – pays du groupe 1 – on vous attribuera un montant compris entre 200 et 300 euros. En Allemagne, au Pays-Bas, en Turquie ou dans un autre pays du groupe 2, vous aurez le droit de recevoir entre 150 et 250 euros, ainsi que pour les pays du groupe 3, comme l'Estonie, la Hongrie ou la Pologne. Par ailleurs, la situation sociale des bénéficiaires d'Erasmus+ sera aussi prise en compte. Les jeunes issus de milieux défavorisés auront le droit à des bourses plus avantageuses.
Lire : Erasmus+, plus de moyens pour les échanges européens
4 - DES PRÊTS GARANTIS
Pour les étudiants de master qui chercheraient une aide financière à leur mobilité, des prêts garantis par la Banque européenne d'investissement peuvent être sollicités auprès de grandes banques. Il faut, pour satisfaire aux critères d'élection, réaliser un master complet avec obtention d'un diplôme à la fin du cursus. Cette aide est cumulable avec les bourses communautaires et régionales d'aide à la mobilité, ou les bourses attribuées sur critères sociaux. Il est prévu que 3,5 % du budget d'Erasmus+ soient consacrés à cette action. La Commission européenne prévoit ainsi d'attribuer environ 200 000 garanties de prêts qui seront financées sur les sept ans du programme.
Lire : Les étudiants Erasmus pourront demander un prêt pour partir
5 - DES PUBLICS ÉLARGIS
Erasmus+ annonce la disparition des différents programmes de mobilité qui le précédaient. Ainsi le programme Comenius pour le secondaire, Leonardo Da Vinci pour les apprentis, Grundtvig pour l'éducation des adultes, sont intégrés à la nouvelle mouture Erasmus qui profitera à 4 millions de bénéficiaires, dont 500 000 Français, à l'horizon 2020, notamment parce que les professeurs rejoignent désormais ce programme. « Intégrer les enseignants à cette mobilité leur permet d'influencer positivement leurs étudiants, souligne Sandrine Dickel. Ils les pousseront à construire leur propre parcours, à aller chercher dans un autre pays des cursus pour compléter leur formation. Couvrir tous les publics avec un unique projet, permet de retirer des freins à la mobilité. »
Pour les étudiants qui souhaitent se renseigner ou s'inscrire à Erasmus+, Sandrine Dickel conseille de visiter le site www.generation-erasmus.fr ou de se rendre directement au service des Relations internationales de son établissement.