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Bioécologie

L’appel des biologistes à soutenir la recherche

3 Octobre 2014 , Rédigé par Bioécologie Publié dans #Actualités-News

L’appel des biologistes à soutenir la recherche

Le Monde.fr | 02.10.2014 à 18h24 :

"Dans une lettre ouverte, plusieurs sociétés savantes en biologie alertent Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, et Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, sur l’état de la recherche dans leur discipline (France).

Madame la Ministre, Madame la Secrétaire d’Etat,

Les présidents des sociétés de biologie françaises, réunies à l’occasion du congrès international FEBS-EMBO 2014 à Paris, tiennent à rappeler l’importance du soutien de l’Etat à la recherche fondamentale et à attirer votre attention sur les points suivants :

La nécessité de préserver les recrutements scientifiques (chercheurs, ingénieurs et techniciens) dans les établissements publics scientifiques et technologiques (EPST) comme le CNRS, l’INSERM… et dans les universités. La communauté scientifique se renouvelle en permanence et cela dépend largement de la décision des étudiants en master (bac + 5) d’entreprendre un doctorat. Un facteur-clé dans cette décision est leur perception des possibilités de travailler en fin de parcours (master + trois-quatre ans de thèse + pour les chercheurs trois ans supplémentaires au moins de postdoctorat), d’avoir à la fois un salaire et les moyens nécessaires au travail. Le nombre de postes ouverts est déjà minime. Une réduction supplémentaire amènerait à des « années blanches » pour certaines disciplines. Les perspectives actuelles détournent les étudiants les plus brillants des carrières de la recherche scientifique. Les effets désastreux à long terme d’une telle politique ont été dénoncés lors de la session « politique scientifique en Europe » du congrès FEBS-EMBO par Mme Helga Nowotny, ancienne présidente de l’European Research Council, en évoquant l’importance de la formation et de l’emploi des jeunes chercheurs pour l’avenir de la science en Europe, un investissement majeur qui n’est pas un « robinet » que l’on peut ouvrir ou fermer, mais un engagement à long terme. Or, c’est un atout reconnu de la France que d’offrir un recrutement pérenne, régulier, transparent et ouvert à tous (hommes et femmes, Français et étrangers).

La nécessité de prendre en compte la spécificité de la recherche dans l’application de la loi Sauvadet Une application trop étroite de cette loi crée des situations individuelles dramatiques en privant actuellement de perspectives d’emploi stable beaucoup de personnes engagées dans le parcours décrit ci-dessus et nuit à l’établissement d’une expertise scientifique à long terme dans les laboratoires. La loi limite à six ans l’emploi en CDD dans le secteur public et impose au-delà un recrutement en CDI. Actuellement, les administrations, dans un souci de limiter les créations sauvages de postes sans concours, freinent dès trois ans le renouvellement des CDD. Les conséquences sont délétères. Si la restriction arbitraire des CDD persiste alors qu’il y a une quasi-absence de postes de fonctionnaires ou de CDI, la recherche française s’arrêtera progressivement faute de chercheurs, ingénieurs et techniciens.

La nécessité d’une augmentation du financement des projets scientifiques. Il est de plus en plus difficile de trouver les moyens de financer le travail des laboratoires. Le taux de succès des projets de l’Agence nationale de la recherche (ANR) est tombé à 8 % cette année pour le programme « blanc » (à thème ouvert, propice à l’émergence de projets nouveaux), alors qu’un taux inférieur à 15-20 % oblige à des choix arbitraires et laisse une grande majorité d’équipes sans moyen réel de fonctionnement. Le financement récurrent des laboratoires est trop dilué pour compenser cette diminution radicale des moyens de l’ANR pour la recherche fondamentale. La recherche en biologie moderne est coûteuse. Si rien n’est fait, la recherche scientifique française sera étranglée dans les années qui viennent. Or, la recherche fondamentale est un investissement à long terme dont les retombées économiques et sociétales ne peuvent pas être toujours planifiées. Cette réalité est illustrée dans les recommandations du physicien Albert Fert, Prix Nobel, dont les travaux ont été essentiels pour le développement des mémoires d’ordinateurs : « Il faut laisser la recherche fondamentale se dérouler, les chercheurs suivre leurs idées, en zigzaguant, pour déboucher sur des découvertes et ensuite des applications » (Le Monde, 24 octobre 2007). C’est cette recherche que doit soutenir un pays dont l’ambition est de participer au concert des nations et de rester une source de progrès et d’innovation aux retombées économiques indispensables pour le futur."

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